🦉🕵🏻♂️ « Deviens ce que tu es » avec Nietzsche
Quel est le sens de cette célèbre sentence ?
Hey Cogito team !
Bienvenue dans cette nouvelle édition !
Comme vous le savez, la démarche philosophique s’astreint à poser la question du sens, et c’est ce qu’on nous allons faire en nous attaquant aujourd’hui au trop répandu contre-sens philosophique qui est fait à propos de l’une des plus célèbres formules de Nietzsche !
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à faire avec vous le bilan des dernières avancées de l’aventure Cogito :
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Tout d’abord, je tiens à vous dire quelques mots à propos de la structure de cette édition Cogito.
S’introduire dans la pensée de Nietzsche et tenter de la faire comprendre n’est pas une mince affaire !
Pour cette raison, j’ai choisi de consacrer l’intégralité de cette édition à l’explication de la célèbre formule « Deviens ce que tu es ».
👉 L’idée est non seulement d’enrichir votre compréhension de cette célèbre sentence mais aussi de vous apporter un premier éclairage sur la philosophie nietzschéenne.
Pour autant, le cadre de la Cogito newsletter n’a pas changé ; comme je vous le répète souvent, les sujets abordés ne prétendent pas à l’exhaustivité. J’aurai donc bien entendu l’occasion d’approfondir d’autres aspects de la pensée de Nietzsche dans de prochaines éditions !
En attendant, concentrons-nous sur le présent : au programme cette semaine ⬇️
Sommaire
Cogito Topic : « Deviens ce que tu es» : le sens de la formule !
Cogito Biblio : Pour aller plus loin avec Nietzsche
Au fait !
Je sais que cette édition est relativement longue : je vous le rappelle, la lecture n’est pas un marathon ! Ne vous obstinez pas à tout « lire d’une traite ».
Si besoin, marquez des étapes, faites des pauses : vous progresserez ainsi beaucoup mieux (sans risquer de vous assécher avant la ligne d’arrivée). 😘
C’est parti !
📖 CogitoTopic « Deviens ce que tu es. »
“Deviens ce que tu es” : illustre formule !
Constamment reprise par les services de marketing ou utilisée pour vanter les mérites du développement personnel, cette maxime nietzschéenne est connue de tous.
Or, est-on certains de savoir ce qu’elle signifie réellement ? Son utilisation actuelle n’en a-t-elle pas détourné le sens ?
C’est ce que nous allons examiner aujourd’hui en replaçant la phrase dans le cadre de la pensée de Nietzsche.
Retour sur l’origine de la formule
Nietzsche n’est pas l’auteur de la formule “Deviens ce que tu es”, cette maxime est en réalité issue d’une ode de Pindare, poète lyrique grec du V ème siècle avant J.-C.
Nietzsche a découvert cette maxime au cours de son adolescence et n'a eu de cesse de la réemployer !
La formule est présente dans de très nombreux écrits de Nietzsche, elle est même le sous-titre de son ouvrage autobiographique Ecce homo (1888).
Nota : Ecce homo est une expression latine qui signifie “voici l’homme”.
Nietzsche vouait une profonde admiration à Pindare dont l'œuvre représentait à ses yeux la plus éclatante expression de ce qui caractérise éminemment, selon lui, la mentalité grecque : un profond pessimisme couplé à un sens aigu du tragique.
Ces deux traits ont durablement imprégné sa pensée : d’après Nietzsche, la véritable émancipation, l’authentique liberté, ne peuvent s’obtenir qu’au prix d’un acquiescement à ce qu’il y a de plus tragique dans l’existence.
Comme nous allons le voir, cette conception du bonheur (qui implique une acceptation pleine et entière de la souffrance, au lieu de chercher à s’en prémunir) revêt une importance capitale pour comprendre le sens de la formule « Deviens ce que tu es ».
Une injonction paradoxale
“Deviens ce que tu es”... Cette phrase exprime un étrange paradoxe, n’est-ce pas ?
Dès la première lecture nous nous demandons quel sens pourrait-il y avoir à vouloir devenir ce que l’on est puisque, précisément, nous le sommes déjà !
👉 C’est ce premier paradoxe qui nous incite à interpréter la formule en opérant un premier glissement de sens : nous remplaçons le verbe devenir par le verbe exprimer : la formule Nietzschéenne serait donc une invitation à exprimer pleinement ce que nous sommes.
Comprise en ce sens, “Deviens ce que tu es” semble parfaitement s’accorder avec l’ensemble des activités de développement personnel qui affichent l’objectif de permettre le plein développement de soi-même.
Quelle que soit l’activité, cet objectif est généralement attaché à une méthode permettant de le concrétiser sous différentes modalités, par exemple :
1. Se recentrer : Devenir ce que l’on est nécessiterait de revenir à soi-même, en faisant un effort d’introspection, ou de se recentrer sur l’essentiel. Il y a ici l’idée qu’il faudrait renouer avec notre être véritable, avec un “moi” qui serait déjà là ; le “moi” que nous étions et dont nous nous serions éloignés.
2. Être soi mais en mieux : il s’agit ici d’exprimer son plein potentiel, un potentiel dont le développement serait entravé par de mauvaises habitudes de vie ou empêché faute de connaissance ou faute d’exercice.
3. Se choisir : Devenir ce que l’on est, signifierait devenir ce que nous voulons être. L’idée serait la suivante : nous sommes libres de nous affranchir de toute identité fixe et immuable, de toute détermination, pour devenir la personne que nous désirons être.
Activités sportives ou spirituelles, ateliers de coaching… Le secteur du développement personnel est aujourd’hui en plein essor et met à notre disposition un grand nombre de services destinés à décupler nos potentialités d’être : soit en nous permettant de renouer avec ce “moi” enfoui, soit en améliorant nos performances, ou encore en nous invitant à choisir ce que nous voulons être pour entreprendre de le devenir effectivement.
Mais est-ce bien le sens de la formule nietzschéenne ?
Trêve de suspens : la réponse est non. C’est ce que nous allons examiner à présent.