Bonne année 🥂!
Je vous souhaite à tous une belle et heureuse année 2023.
Je ne vous dirai jamais assez comme je suis reconnaissante de votre lecture fidèle et attentive !
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Le 31 décembre, nous avons patiemment compté les minutes et les secondes jusqu’à minuit, instant de basculement, passage fatidique à la nouvelle année.
D’où cette ultime minute tient-elle son caractère décisif, qu’a-t-elle de plus que les autres ?
« Cet instant n’est que la limite, purement théorique, qui sépare le passé de l’avenir ; il peut à la rigueur être conçu, il n’est jamais perçu ; quand nous croyons le surprendre, il est déjà loin de nous » répondrait certainement le philosophe Henri Bergson, qui s’attachait à distinguer du temps artificiel, homogène et indifférencié des horloges et des calendriers, le temps véritablement vécu de la durée - c’est-à-dire de la vie de notre conscience elle-même se découvrant changeante, prenant de nouvelles formes, se créant perpétuellement.
Si le nouvel an nous paraît marquer une transition, cette transition est illusoire car la réalité elle-même est transitoire, incessamment mouvante et changeante.
Nous spatialisons le temps afin de nous y rapporter, ce point d’arrêt artificiellement marqué est exigé par la pensée.
Et peut-être est-ce en ce sens que le nouvel an peut être dit comme relevant de ces moments « où notre conscience atteint le plus de vivacité », l’un de ces « moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait. »
Si pour Bergson la conscience est « un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir », qu’elle est donc mémoire et anticipation, c’est essentiellement parce que la conscience est « synonyme de choix ».
Nous changeons d’année, un chiffre en remplace un autre sur nos calendriers, et pourtant rien ne change - ou plutôt nul changement supplémentaire ne se surajoute au changement continuel.
Cependant, cette scission artificielle nous semble porter l’exigence, ou nous faire la faveur, d’une nouvelle possibilité de créer l’avenir.
Si la conscience est synonyme de choix, alors elle est l’union de “la mémoire avec la liberté”, une création continuée s’opposant et se confrontant au déterminisme de la matière.
La vie dans son élan introduit de l’indétermination au sein même de la nécessité, et c’est en faisant l’épreuve de la résistance que lui oppose la matière que la conscience donne corps aux pensées, aux conceptions et aux vœux.
Ce passage de la virtualité à la matérialité est le fruit d’un effort - effort suscité par la matière.
« L’effort est pénible mais il est aussi précieux, plus précieux encore que l'œuvre où il aboutit parce que, grâce à lui, on a tiré de soi plus qu’il n’y avait, on s’est haussé au-dessus de soi-même. »
Toute création est effort et toute création s’accompagne de joie : la joie de se savoir créateur.
Cette joie véritable, née du sentiment « d’avoir appelé quelque chose à la vie », surpasse selon Bergson le simple plaisir que procure la richesse ou la gloire.
C’est donc cette joie toute bergsonienne de l’action libre et créatrice - principe d’intensification de la vie - que je vous souhaite d’éprouver en 2023.
Joie profonde qui accompagne le mouvement créateur de la conscience et ouvre à « l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde. »
Joie ne pouvant résulter que de l’effort constamment renouvelé de se surpasser, de se hisser au-delà ; effort de l’invention et de la création, autrement dit de l’action.
Dans la somme des possibles qui s’offrent à nous, peut-être nous faut-il alors choisir non les plus faciles à atteindre mais au contraire les plus absolus.
Ne redoutons pas l’exigence des plus grandes ambitions et des plus hautes aspirations, « avouons notre ignorance, mais ne nous résignons pas à la croire définitive. »
Je vous souhaite à nouveau une très belle et heureuse année 2023 et, en attendant de vous retrouver, je laisse les derniers mots à Henri Bergson :
« S’il y a pour les consciences un au-delà, je ne vois pas pourquoi nous ne découvririons pas les moyens de l’explorer.[...]
Parfois d’ailleurs le renseignement que nous nous figurons de très loin, à l’infini, est à côté de nous, attendant qu’il nous plaise de le cueillir. Rappelez-vous ce qui s’est passé pour un autre au-delà, celui des espaces ultra-planétaires. Auguste Comte déclarait à jamais inconnaissable la composition chimique des corps célestes. Quelques années après, on inventait l’analyse spectrale, et nous savons aujourd’hui, mieux que si nous y étions allés, de quoi sont faites les étoiles. »
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Aurore 💜🦉
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Que ce travail de création vous apporte également beaucoup de joie pour l'année 2023 !
Bonne année à toutes et tous et longue vie à ces échanges dans Cogito