đŠâïžLes Chroniques Philosophiques | Habiter le prĂ©sent
Pascal, l'homme et le temps.
Chers Cogito lecteurs,
Cette publication marque la rentrĂ©e de Cogito đ.
Je suis trĂšs heureuse de vous retrouver !
JâespĂšre que vous avez passĂ© un bel Ă©tĂ© et que vous abordez ces premiers jours de septembre avec plus d'enthousiasme que dâapprĂ©hension.Â
La rentrée, un événement qui ne laisse personne indifférent !
Attendue avec impatience ou le plus souvent redoutĂ©e, cette Ă©chĂ©ance nous impressionne, prĂ©cisĂ©ment parce que nous avons eu le temps dây penser !Â
Peut-ĂȘtre nous faut-il alors prĂ©fĂ©rer lâaction Ă ces rĂ©flexions inconsistantes qui entretiennent la confusion.
Comment faire pour bien vivre la rentrĂ©e ? Sây jeter !
Un saut dans lâinconnu mĂȘlĂ© de confiance et dâaudace.
En tant que dĂ©centrement libĂ©rateur, ouverture, lâaction Ă©claire en retour la pensĂ©e.Â
Vous ĂȘtes prĂȘts ?Â
Câest parti !Â
Souvenez-vous, dans lâĂ©dition du 10 juillet, je proposais une premiĂšre rĂ©ponse Ă la question de CĂ©line :
« Comme le suggĂšre la devise CarpeDiem, y a-t-il un sens Ă vouloir vivre au prĂ©sent ? », interrogation renvoyant au rapport spĂ©cifique de lâhomme au temps.Â
đ Si vous ne lâavez pas lue, je vous invite Ă retrouver cette Ă©dition ici.
Afin de rendre compte de ce quâest le temps, certains philosophes en sont venus Ă distinguer la durĂ©e, constituĂ©e par nos Ă©tats psychiques, du temps âconcretâ, mesurable, celui de la science.Â
Si lâexistence humaine est temporelle, elle se caractĂ©rise Ă©galement par sa relation consciente aux trois dimensions du temps que sont le passĂ©, le prĂ©sent et lâavenir.Â
Dans la pensĂ©e de Saint Augustin, et Ă sa suite dans celle de Bergson, le temps est moins conçu en tant que cadre innĂ© de lâexpĂ©rience que comme produit de lâactivitĂ© du sujet.
Exister dans le temps signifie pour lâhomme faire un effort dâattention en vue dâĂȘtre vĂ©ritablement prĂ©sent au moment singulier quâil est en train de vivre.Â
Selon Saint Augustin, par son attention au prĂ©sent, lâĂąme se temporalise, se fait temps. Â
Or, sans cesse habitĂ© par le souvenir et en perpĂ©tuelle tension vers lâavenir, lâhomme peut-il parvenir Ă habiter le prĂ©sent ?Â
Entre la nostalgie et lâattenteÂ
« Nous ne tenons jamais au présent.
Nous anticipons lâavenir comme trop long Ă venir, comme pour hĂąter son cours, ou nous rappelons le passĂ© pour lâarrĂȘter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans des temps qui ne sont point nĂŽtres et ne pensons point au seul qui nous appartient.»Â
Pascal, les PensĂ©esÂ
Dans les PensĂ©es, Pascal affirme lâincapacitĂ© irrĂ©ductible de la condition humaine Ă vivre le prĂ©sent.Â
PartagĂ© entre le souvenir dâun passĂ© idĂ©alisĂ© et le vĆu dâun avenir nĂ©cessairement meilleur que la rĂ©alitĂ© actuelle, lâhomme manque inĂ©luctablement le moment prĂ©sent.
Plus encore, il sâemploie Ă se dĂ©rober Ă cette dimension du temps quâil juge nĂ©cessairement insatisfaisante et qui, immanquablement, le blesse.Â
« Que chacun examine ses pensées.
Il les trouvera toutes occupĂ©es au passĂ© ou Ă lâavenir.
Nous ne pensons point au prĂ©sent, et si nous y pensons, ce nâest que pour en prendre la lumiĂšre pour disposer de lâavenir.»
Pascal, les PensĂ©esÂ
Nos pensĂ©es nous dĂ©tournent du prĂ©sent.Â
Lieu de passage ou simple passerelle entre le temps vĂ©cu et les possibles Ă venir, le prĂ©sent paraĂźt nâavoir quâune rĂ©alitĂ© transitoire.Â
« Ainsi nous ne vivons jamais mais nous espĂ©rons de vivre, et, nous disposant toujours Ă ĂȘtre heureux, il est inĂ©vitable que nous ne le soyons jamais », relĂšve Pascal.